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Le bodhisattva dans le bouddhisme Mahayana

Quelques mots sur le bodhisattva dans le Mahayana

Il est raconté dans le Suramgamasamadhisutra :

« Un jour où l’on procédait à une distribution de beurre, d’huile et de miel, une foule de gens se présentèrent avec toutes sortes de récipients. Parmi ces gens un homme, par inadvertance, brisa le bol qu’il tenait. Il se rendit à la distribution, mais ne tira aucun profit du beurre, de l’huile et du miel. Il se régala seulement sur place, mais ne put rien ramener chez lui pour en donner à d’autres. En revanche un autre homme, qui disposait d’un bol intact, non seulement se régala sur place, mais put ramener un bol plein pour l’offrir à d’autres personnes.

Le beurre, l’huile et le miel, c’est la Bonne Loi des Bouddhas. L’homme au bol brisé qui tira seulement une satisfaction personnelle de la distribution mais ne put rien ramener chez lui pour en donner aux autres, ce sont les auditeurs, les bouddhas pour eux-mêmes. L’homme au bol intact c’est le bodhisattva qui, tout en assurant son propre bien, peut encore donner à tous les êtres. »

Le bodhisattva a au fond de lui l’amour des êtres, qu’il voit comme ses enfants. La grande compassion d’un bodhisattva ne peut surgir chez un être que s’il est débarrassé de toute passion, de toute croyance au moi grâce à sa connaissance intime que tout est vide, tout est en absolu sunyata. En effet sinon ses actions naîtraient à nouveau de la croyance au moi, qui est à l’origine de toutes nos illusions.

Mais il doit également éviter de basculer définitivement dans la vacuité, car en lui, se joue une deuxième force en plus de celle de la compassion : la sagesse qui lui fait expérimenter toutes choses en leur vacuité et en sens bien qu’il fasse le voeu de sauver tous les êtres, personne n’est à sauver. Le bodhisattva va donc au-delà de ce paradoxe, ce qui fait sa grandeur : étant délivré de son moi et de tout lien, il voit les créatures telles qu’elles sont, dans leur univers de souffrance et son cœur fond d’amour et de compassion pour elles.

Il demeure donc comme sur le fil d’une épée : pratiquant à la fois la sagesse de sunyata et la grande compassion, il ne tombe exclusivement ni dans l’une ni dans l’autre. Telle est donc la puissance spirituelle du bodhisattva. Il n’agit que par compassion pour le bien d’autrui, et ceci avec sagesse.

Il est dit dans des textes chinois qu’on ne peut construire, une maison par exemple, ni sur un terrain qui n’est pas vide ni dans le vide sans terrain : il faut un terrain vide. La compassion ne peut traverser un être encombré de passions et d’opinions, mais elle a besoin d’un homme capable de se tourner vers le monde pour s’exprimer à travers lui : le bodhisattva est un être d’une transparence telle que le flot de compassion peut passer à travers lui. C’est pourquoi il faut qu’il soit délivré de son moi, alors ne voit-il plus de différence entre les autres et lui-même.

Il est dit dans la Mahayanasutralamkara :

« Pour faire croître l’arbre de l’éveil aux qualités si abondantes, pour obtenir la mise au repos définitive de la masse des plaisirs et des douleurs, et parce qu’elle a pour fruit l’activité en vue du bonheur et du bien d’autrui, la lignée des bodhisattva est une bonne racine. »

On ne peut pas exprimer réellement ce qu’est un bodhisattva. Ce n’est pas un sujet d’études académiques, il faut être soi-même un bodhisattva, c’est une question de comment mener sa vie, de compréhension profonde, de pratique et de liberté. Telle est la Voie la plus haute. C’est en tout cas comme ça que je vois le chemin des hommes de bien, chemin souvent escarpé qui mérite nos efforts continus jusqu’à ce que nous réalisions l’éveil complet : la plénitude, l’omniscience et la compassion d’un homme éveillé, un bouddha vivant.

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