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Intimité entre vérité, vacuité et vie quotidienne

Katagiri Roshi dit les choses suivantes à propos de l’intimité entre la Vérité et notre vie quotidienne (NB : traduction Keisen à partir du texte en anglais) :

« Si nous plongeons profondément dans notre intellect, nous pouvons voir comment la Vérité et le monde des phénomènes travaillent ensemble. Ils ne sont pas séparés. A travers toute religion nous pouvons faire l’expérience que la Vérité se trouve à l’intérieur de nous–mêmes. C’est ce qu’on appelle l’illumination. C’est l’unité entre le monde et la Vérité, entre la forme et la vacuité. Mais la question subsiste comment actualiser la Vérité ou la vacuité dans notre vie quotidienne, dans le monde des formes. La vacuité et la vie de tous les jours travaillent ensemble, mais nous ne comprenons pas exactement cette unité ou cette intimité ; c’est à dire que nous ne participons pas directement à cette intimité. Nous voyons une telle intimité à distance.

Le but final est que nous devons participer à cette intimité elle-même. Nous devons vivre là, à cet endroit même. Ce qui veut dire que nous devons vivre dans le monde du samsara. Ceci explique pourquoi, après avoir réalisé l’éveil, nous devons toujours continuer à pratiquer, et ensuite à travers cette pratique continuelle, nous pouvons alors connaître intimement comment la Vérité et notre vie quotidienne fonctionnent ensemble. De façon graduelle nous pouvons le voir, pas seulement de façon intellectuelle, mais à travers notre corps-esprit. Nous pouvons entendre le son et la voix nous disant comment ils travaillent intimement ensemble.

C’est difficile parce que notre vie quotidienne est surtout de la routine. C’est pour cela que nous y apportons une pratique particulière tous les jours. Néanmoins l’expérience de cette intimité n’est pas une pratique particulière que nous devrions faire et qui serait séparée de notre vie quotidienne. Nous devons voir cette intimité dans la forme de notre routine de chaque jour : se brosser les dents, nous laver, nous habiller. La routine journalière est la pratique de l’intimité. Cela dépend de l’attitude des individus. A travers toutes ces formes nous pouvons faire l’expérience du samadhi si nous leur apportons de la concentration, de l’attention. Ceci est la pratique de base que nous devons continuer pour toujours.

Lorsque cette intimité est réalisée, elle est appelée un rite ou une forme. La forme en action est un rituel. Les rituels – quand nous transformons notre routine sans grand intérêt et souvent frustrante en rituel – de notre vie quotidienne sont importants pour nous parce qu’à travers notre participation à cette forme nous pouvons faire l’expérience de l’intimité. Intimité entre notre pratique et toute notre vie. Intimité également, participation, à la vie universelle dans tout ce que nous faisons. Nous touchons alors notre cœur.»

Ainsi nous ne passerons pas notre vie en vain, comme des zombies soumis à une routine sans fin et nous pourrons profiter de chaque instant. Cette illumination renouvelée sera également profitable pour tous ceux qui nous entourent, nos proches, les gens que nous côtoyons. Avec la pratique de zazen, la pratique de l’attention bienheureuse à chaque chose, nous pouvons transformer notre vie et lui amener le bonheur satisfaisant d’une vie éveillée. Ceci avec les autres, pas seulement pour nous-mêmes, dans un esprit de bodhisattva, de don, de générosité, de patience, et d’énergie joyeuse inépuisable.

La bonne nouvelle est que c’est possible. Il suffit d’ouvrir un peu notre esprit, de ne pas rester cloîtrés dans notre moi, ni de voir les circonstances de notre vie comme imposées de l’extérieur mais comme un enseignement profitable. Se lever le matin de chaque jour pour zazen devient également le ferment de notre transformation, de notre éveil à la journée qui vient. Le sentiment de routine disparaît alors au profit d’une expérience constamment renouvelée.

 

Source :

« Returning to silence », par Katagiri Roshi, Shambala Dragon Editions, ISBN 978-0-87773-431-4. La version française est malheureusement épuisée.

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