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Hommage à Marsha

Zazen 1er décembre

Au début lorsque nous avons commencé à pratiquer zazen, Bouddha, la Voie était assez flous. Est-il possible d’atteindre la Voie, la Grande Sagesse ? Ce fut différent pour chacun de nous. Pour certains ce furent des buts et des concepts à prendre au sérieux, pour d’autres moins, l’observation du corps étant plus présente. Au cours des années beaucoup de choses se sont décantées, des questions ont disparu, la Voie, Bouddha se sont simplifiés et le brouillard s’est éclairci, l’horizon et la clarté sont apparus. Que reste-t-il ? Il reste forcément non pas quelque chose, mais une saveur, un sentiment, quelque chose d’inexprimable. S’il ne restait rien, que du néant, personne ne serait ici. Il reste à la fois une vacuité, faite de notre impermanence, une confiance et surtout une présence, nous-mêmes, l’être humain et l’ami de la Voie qui fait que nous continuons à nous asseoir ensemble, la plupart du temps en silence, proches de notre propre silence. Cette détermination et cette force existent, nous avons pu le voir chez Marsha qui pratiqua jusqu’à la limite de ses forces. Pourquoi ? Pour sentir encore la vie, intimement mélangée avec ce parfum, cette saveur que nous appelons la vie religieuse. Tout ce que nous vivons nous pouvons le réaliser justement dans notre vie. Le réaliser en zazen et connaître cette énergie qui également nous accompagne chaque jour.

Alors le Bouddha est à la fois la personne historique, le fondateur de la pratique, qui s’assit le premier face au monde et fit cette expérience merveilleuse de l’interdépendance, mais aussi doit-il être vivant puisque nous le sommes. Donc, c’est nous maintenant, juste l’accepter et cesser de fouiner ailleurs pour trouver un Bouddha extérieur. A la fois simple et naturel.

Ainsi la Voie, un concept ? Une route spéciale ? Simple, la vie avec une pratique religieuse qui peu à peu pénètre l’être entier.

Il y a donc un mélange intime entre le simple être humain et une dimension humaine plus large, que nous portons, une vérité inexprimable qui nous pousse à continuer, juste continuer parce que nous sommes vivants. Certainement tous nous avons vu cette force chez Marsha et l’enseignement est évident. Marsha a disparu mais cette force reste, comme quand le zazen est fini, cette énergie demeure, pure, sans objet, invisible et pourtant si présente en chacun de nos. C’est ça qu’il ne faut pas oublier, comme un fil rouge qui sous-tend notre existence. Ceci demeure au milieu de notre impermanence où tout naît et disparaît à chaque instant, nous pouvons nous appuyer sur cette force-là qui nous habite.

Dans le Mokushoka de Wanshi Shokaku, le chant de l’illumination silencieuse il est dit :

Lorsque dans le silence tout mot est oublié

Cela apparaît devant vous avec netteté.

Seul ce silence est l’enseignement ultime

Seule cette lumière est la réponse universelle.

La réponse sans efforts

L’enseignement inaudible.

Tout dans l’univers brille

Et prêche le dharma.

Facile à comprendre et pourtant nous avons toujours à faire face à de nombreuses difficultés qui elles aussi naissent et disparaissent, beaucoup de bruit, d’activité. Mais au milieu de tout cela reste notre silence intérieur que rien ne peut troubler, ne vous en séparez pas trop consciemment. Naturellement il est toujours là tapi au fond de notre ventre, de notre cœur et de notre esprit. Il y a aussi un poème que j’aime énormément de Maître Keisan qui dit :

Le vent souffle, s’apaise, cesse

Les oiseaux chantent.

Dans la vallée de la montagne profonde

Une fleur tombe,

Plus paisible encore est la montagne.

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